Nos actualités

Nos actualités

Le blog

On parle de nous

Le blog

Eva Albarran revient sur l'organisation de l’événement Nuit Blanche 2018 21.05.2019

Organisatrice de l’événement Nuit Blanche à Paris, Eva Albarran est à la tête d’une des plus grosses agences de production artistique française. Entretien avec une passionnée…

Eva Albarran

Comment avez-vous eu l’idée de créer l’agence Eva Albarran & Co en 2004 ?

C’est venu assez naturellement après un passage de deux ans à la galerie Marian Goodman à Paris et à la suite d’une première expérience de production auprès d’artistes comme Pierre Huyghe et Xavier Veilhan. J’ai imaginé une structure me permettant de répondre à des marchés publics et d’accompagner les artistes de façon plus organisée, de la conception des projets jusqu’à leur mise en oeuvre.

Les grandes agences de production artistique se sont structurées au début des années 2000. Qu’est-ce qui a favorisé leur essor ?

Je crois que les projets de grande envergure mais aussi la production d’oeuvres complexes et monumentales d’artistes qui ont commencé à se développer au début des années 2000 - Nuit Blanche, les événements autour des candidatures pour la Capitale européenne de la Culture, etc. – ont nécessité l’expertise d’équipes capables de prendre en charge la production déléguée. D’où l’essor des agences comme la nôtre… Si les lieux culturels sont naturellement rompus à l’exercice d’organiser un événement artistique, ce n’est pas forcément le cas des collectivités.

Est-ce qu’aujourd’hui, le recours à une agence de production est devenu incontournable lorsqu’une manifestation investit l’espace public ?

Faire appel à des sociétés de production permet d’avoir une plus grande rapidité d’action et de réunir au sein d’une même équipe toutes les compétences nécessaires. Notre agence produit notamment « Nuit Blanche » depuis 2011 et vient d’être missionnée pour les deux prochaines éditions d’« Un été au Havre ». Nous sommes également en charge de la production d’oeuvres pérennes qui seront réalisées dans les gares du Grand Paris sous la direction artistique de José Manuel Gonçalves.

De la conception artistique à l’installation des oeuvres en passant par la communication ou le pilotage des prestataires : la production d’un événement culturel demande un travail colossal. Comment travaillez-vous ?

Nous nous appuyons sur un réseau de partenaires techniques en qui nous avons entièrement confiance. Je pense notamment à l’équipe de Playtime, spécialisée dans la direction technique et la régie ou encore ICE, un bureau d’études et de contrôle qui sont deux collaborateurs essentiels de l’agence. Mais nous travaillons également avec des prestataires et des fabricants comme Doublet. Ce qui est important pour nous ce n’est pas seulement le professionnalisme, c’est aussi la compréhension des projets artistiques et de leurs enjeux. Ce sont des dossiers qui demandent souvent aux entreprises de dépasser leur cadre de travail habituel et d’être inventifs. Un investissement en temps et en recherche qui va forcément de concert avec un intérêt prononcé pour l’Art. Doublet a toujours été un partenaire de confiance pour l’agence, et ce sur des projets très différents.

En 2017, Nuit Blanche a fêté ses 15 ans. Ce grand événement populaire et festif connaît un tel succès que depuis sa création en 2002, plusieurs capitales et grandes villes en Europe organisent leur propre Nuit Blanche. Qu’est-ce qui fait l’originalité et la force de cette manifestation ?

Nuit Blanche dégage une énergie extraordinaire. Depuis sa création, l’exigence artistique a été au coeur de la manifestation avec la participation de commissaires de renom comme Alexia Fabre, Laurent Lebon, Jérôme Sans et Nicolas Bourriaud, Martin Bethenod, Jean de Loisy, Charlotte Laubard, ChiaraParisi et Julie Pellegrin, Jose Manuel Gonçalves, Gaël Charbau et en 2019 Didier Fusillier et Jean-Max Colard. Avec de telles personnalités, la manifestation se réinvente à chaque édition pour surprendre un public fidèle au rendez-vous. Les artistes sont également très investis : la rencontre avec le grand public est toujours une très belle expérience pour eux. Ces énergies communes se ressentent énormément…

Nuits Blanches

Quelles sont aujourd’hui les tendances en matière d’événements culturels ? Plutôt des événements XXL ? Du gigantisme ? Ou, au contraire, un retour à des choses plus simples et intimistes ?

Je ne sais pas si on peut parler de tendances. Les deux expériences se valent. Que ce soit les grands événements dans l’espace public qui vont à la rencontre des personnes moins habituées à l’art et qui posent un autre regard sur la ville ou bien les expériences plus intimes où l’échange et l’expérimentation permettent d’interagir avec les oeuvres. Les deux ne sont d’ailleurs pas incompatibles !

Aujourd’hui, sommes-nous plus dans la production d’oeuvres pérennes ou éphémères ?

La stratégie de chaque collectivité est différente. Je ne pense pas que ce soit, là encore, une question de tendance. L’art est de plus en plus présent dans l’espace public à plusieurs niveaux et je crois que cela enrichit le regard de chacun. L’art transforme le quotidien et nourrit notre imaginaire. Sa présence dans les villes permet d’atteindre des publics très différents.

Avez-vous des demandes de collectivités qui souhaiteraient désormais intégrer une dimension écologique à leurs projets culturels ?

La responsabilité écologique est présente dans chacune de nos actions. Pour nous,c’est une question d’éthique. Mais ce n’est pas une thématique à proprement parler. Il y a des gens qui s’intéressent plus particulièrement à ce sujet et des artistes qui ont fait de l’écologie et du recyclage le coeur de leur travail.

Le numérique a révolutionné la question des publics et la participation de ces derniers aux grands événements culturels. Comment l’utilisez-vous dans votre travail ?

Le numérique est aujourd’hui un outil de communication incontournable. C’est aussi un médium important utilisé par de nombreux artistes comme Pablo Valbuena qui expose actuellement ses sculptures éphémères et immersives au 104 à Paris.

Enfin, pour terminer, pouvez-vous nous dire quelle est la dernière expérience culturelle qui vous a le plus subjuguée ?

Ouh, c’est difficile ! Comme ça, à brûlepourpoint, je dirais : les architectures de toiles d’araignées de Tomás Saraceno au Palais de Tokyo, l’exposition de Tadao Ando au centre Pompidou mais aussi Géométries du Sud à la Fondation Cartier, Annette Messager à la Fondation Giacometti ou encore la récente exposition d’Anri Sala à la galerie Chantal Crousel…

Gare

Les derniers billets